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Cinéma et style

Les classiques du grand écran, un regard rétrospectif sur l’évolution de la mode masculine.

Par: DYLAN MARTINDate: 2017-08-18
De James Dean jusqu’à Steve McQueen, les grands acteurs d’Hollywood ont tous porté des tenues emblématiques de l’histoire du vêtement, et le cinéma a servi de guide pour les gentlemans de chaque époque. Nous vous présentons ici quelques-uns des films qui ont eu une influence marquante sur la mode, qui ont contribué à propulser le style masculin vers l’avant et qui sont, encore aujourd’hui, de véritables points de repère pour les grands créateurs.

La fureur de vivre, 1955 (Rebel Without a Cause)

 

Ce film, qui s’inscrit dans la grande trilogie cinématographique de James Dean, est aussi celui qui a fait de l’acteur le symbole de tous les adolescents de sa génération. Le jean bleu et les bottes de cuir qu’il portait ont lancé une toute nouvelle mode – à partir de ce moment, les tenues désinvoltes étaient synonymes de rébellion. Étant donné les mœurs de l’époque, l’attitude contestataire et les vêtements provocateurs du film ont suscité la controverse. Les groupes prônant la censure y voyaient une incitation à la délinquance juvénile, mais leur crainte n’a pas empêché l’auditoire de tomber sous le charme.

 

De nos jours, il est presque impossible de s’imaginer à quel point il était scandaleux de porter un simple t-shirt en public au début des années 50. Grâce à La fureur de vivre, le t-shirt a rapidement gagné en popularité, passant enfin du sous-vêtement au vêtement de tous les jours. Le blouson court porté par James Dean s’est aussi imposé comme l’un des nouveaux classiques américains. Comme l’a dit le réalisateur Nick Ray, « lorsqu’on voit Jimmy vêtu de son blouson rouge, debout contre sa Mercury noire, ce n’est pas seulement une pose; c’est un avertissement, une affirmation. » Le film a connu un succès inattendu, conférant à Dean son statut d’acteur infiniment cool.

À bout de souffle, 1960

 

Le réalisateur Jean-Luc Godard a conquis le milieu cinématographique grâce à ce chef-d’œuvre sans précédent, lançant du même coup le mouvement de la Nouvelle Vague. L’acteur Jean-Paul Belmondo joue un jeune voyou en fuite qui, malgré tout ce qu’il traverse, garde son attitude parfaitement nonchalante. Ses vêtements reflètent cette désinvolture – ils sont éclectiques, intuitifs et d’une aisance incontestable.

 

Grâce à la liberté de création que Godard accordait à son équipe, Belmondo aurait eu l’occasion de choisir plusieurs de ses tenues durant le tournage. L’acteur a entre autres juxtaposé un motif quadrillé et des rayures, démontrant ainsi comment utiliser les imprimés de façon plus originale. Son personnage agit souvent sous le coup de l’émotion et suit son instinct, ce qui lui cause bien des problèmes, mais a aussi permis de créer une garde-robe des plus mémorable.

Bullitt, 1968

 

Ce n’est pas pour rien qu’on a donné à Steve McQueen le surnom « The King of Cool ». Il a toujours été l’un des hommes les plus stylés du cinéma, et dans le grand classique Bullitt, le réalisateur Peter Yates a parfaitement réussi à en faire la preuve. Le rôle de Frank Bullitt, un policier marginal et inébranlable, a permis à McQueen de s’affirmer comme l’antihéros par excellence de l’époque. Les tenues réunissant des éléments décontractés et chics représentaient très bien l’esprit anticonformiste du personnage.

 

Une des leçons de style qu’on peut retirer du film est la manière de superposer les vêtements pour hommes. Par exemple, dans une des scènes, McQueen porte un pull à col roulé avec un veston en tweed et un trench – et bien sûr, la fameuse paire de chukkas à semelle de crêpe pour conduire sa Mustang GT 390. La voiture en question et le fait d’être accompagné par Jacqueline Bisset ne passent certainement pas inaperçus, mais c’est plutôt la confiance (personnelle et vestimentaire) qui permet à McQueen de se démarquer.

Le parrain 2, 1974 (The Godfather: Part II)

 

La saga de films Le parrain est la pièce de résistance du producteur et scénariste Francis Ford Coppola. Le deuxième opus raconte comment Michael Corleone (interprété par Al Pacino) réussit à étendre et contrôler l’empire familial. D’un point de vue vestimentaire, il est évident que les complets portés par le personnage jouent un rôle dans son ascension. Le jeune parrain porte des pièces élégantes et structurées qui rendent hommage à ses origines siciliennes, démontrant hors de tout doute que oui, l’habit fait le moine.

 

En plus d’avoir remporté l’oscar du meilleur film, Le parrain 2 est devenu l’emblème de style du gangster moderne. Le complet trois-pièces dégage l’autorité et l’assurance nécessaires pour la position de contrôle du personnage de Pacino… et jamais le crime organisé n’a eu l’air aussi distingué.

American Gigolo, 1980

 

Le film American Gigolo, qui a captivé les auditoires, raconte l’histoire d’un jeune prostitué nommé Julian Kay. Richard Gere, qui campe le rôle principal, réussit très bien à incarner son charme irrésistible et son aplomb. Cet air de confiance est soutenu par une garde-robe impeccable : dès la première scène, on comprend que la mode constitue un élément fondamental de l’image du personnage.

 

C’est le créateur légendaire Giorgio Armani qui a dessiné les ensembles attrayants portés par Gere dans American Gigolo. Les vestons et complets presque entièrement exempts de doublure et d’entoilage ont contribué à la naissance du style typiquement Armani, qu’on connait très bien aujourd’hui. Les tissus légers, comme la crêpe de laine et le lin, apportent le luxe et le confort nécessaires à l’acteur tandis qu’il déambule dans les rues de Beverly Hills. Ce film est l’exemple même de la désinvolture italienne – une désinvolture qui est encore d’actualité à ce jour.

Reservoir Dogs, 1992

 

Ce film a fait la réputation de Quentin Tarantino en tant que réalisateur visionnaire, principalement grâce à son récit non linéaire ponctué de crimes impitoyables, de vulgarités abondantes et de vêtements superbes. Jusqu’alors, le complet était parfait pour les salles de réunion; désormais, on constate qu’il garde son allure cool même durant un vol de diamants.

 

Dès le générique d’ouverture au ralenti, la bande de criminels donne le ton à l’histoire grâce à ses uniformes noir et blanc. Malgré toutes les folies et le chaos qui s’ensuivent, les personnages conservent toujours leur apparence impeccable, une qualité qu’ils doivent à la costumière Betsy Heimann. Comme l’a expliqué cette dernière, « ils ont fière allure parce que chaque complet est adapté à la morphologie de l’acteur qui le porte. Je suis ravie de voir que la silhouette étroite que j’ai créée a influencé la mode masculine et l’inspire encore aujourd’hui. »

L’énigmatique M. Ripley, 1999 (The Talented Mr. Ripley)

 

Ce film américain est un véritable régal pour les yeux, tant en raison des costumes portés par sa distribution incroyable que par ses paysages balnéaires sublimes. Au cœur de l’histoire à suspense psychologique se trouve Dickie Greenleaf, un jeune fortuné à l’esprit libre (joué par Jude Law) qui est à l’aise partout où il va, mais qui en fait toujours un peu trop. Les tenues élégantes de Dickie sont à mi-chemin entre le style bon chic bon genre américain et l’aisance italienne.

 

Quand on voit Jude Law pour la première fois, il se tient aux côtés de Gwyneth Paltrow et porte un short de bain imprimé. Dès cet instant, on comprend qu’il incarne à la perfection le look estival raffiné. Ensuite, il alterne entre les vêtements semi-chics et décontractés sans effort. Son répertoire inclut des polos en tricot, des bermudas, des blazers en lin et d’autres pièces dignes des plus beaux endroits de villégiature.

Skyfall, 2012

 

L’agent 007 est sans contredit le personnage fictif le plus marquant de la mode masculine. James Bond possède un style, des manières et une classe incomparables, et il suit toujours son propre chemin. Film après film, il nous démontre le pouvoir du savoir-faire et de l’élégance. Skyfall, le volet le plus lucratif de la saga jusqu’à présent, nous montre le plus distingué des Bond, revêtant les créations sur mesure de TOM FORD – un partenariat vraiment gagnant qui remonte à 007 Quantum.

 

« Nous habillons Daniel Craig depuis un certain temps, et nous savons qu’il est à son meilleur dans des tenues simples », a déclaré Ford. « Les complets, smokings et vêtements de tous les jours que nous lui avons créés abondent en ce sens. Nous n’avons pas vraiment modifié nos complets, puisque James Bond représente bien notre client – à la fois classique et chic. » L’équipe a taillé les pièces avec soin en prévoyant juste assez d’espace pour l’arme dissimulée de l’espion. Les tissus légers assurent la plus grande mobilité (après tout, James Bond est un homme d’action).