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Les grands espoirs pour l’humanité de Masai Ujiri

Par Chris Metler

Masai Ujiri a un emploi du temps très chargé. Outre son travail de président des Raptors de Toronto, Masai Ujiri a cofondé en 2003 Giants of Africa, une organisation à but non lucratif qui vise à changer la vie d’innombrables garçons et filles du continent africain grâce au pouvoir du sport. Depuis, chaque été, Giants of Africa voyage à travers l’Afrique pour organiser des camps pour les garçons et les filles âgés de 15 à 19 ans.

En septembre dernier, Ujiri et l’organisation se sont engagés à investir dans 100 terrains de basket à travers l’Afrique. L’initiative “Built Within” de l’organisation a démarré avec la construction et la rénovation de plus de 10 nouveaux terrains au Nigeria, au Kenya, en Tanzanie, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. (Les autres sites seront dévoilés ultérieurement, mais tous seront stratégiquement situés dans des communautés mal desservies). Cet effort s’inscrit dans le cadre de la mission principale du GOA : la formation professionnelle et le développement personnel par le biais du basket-ball, de la santé et du bien-être, dans le but de créer une nouvelle génération de dirigeants capables d’avoir un impact social significatif.

Mais l’œuvre la plus saisissante et révélatrice de Masai Ujiri est peut-être celle réalisée auprès de l’organisme That’s Humanity dont la cause s’inspire du combat de Nelson Mandela pour l’égalité de tous. Ce mouvement nous met au défi de découvrir et d’embrasser notre humanité, à travers les histoires, les expériences partagées et l’art.

Récemment, Harry Rosen s’est associée à Masai Ujiri et au créateur de mode canadien Patrick Assaraf pour concevoir la nouvelle collection exclusive pour That’s Humanity au profit de l’organisme Water First. Comment tout cela s’est-il imbriqué? Qu’est-ce qui le motive? Nous nous sommes entretenus avec Masai Ujiri pour le découvrir.

Masai Ujiri se souvient encore de moments bien précis de sa première journée à Toronto. Compte tenu de son rôle de président des Raptors de Toronto, ce n’est pas surprenant qu’il ait l’œil aiguisé et le souci du détail.

Il se souvient que le directeur général de l’époque, Bryan Colangelo, l’a accueilli à l’aéroport. Ils se sont d’abord rendus chez lui, puis ils sont allés manger chez Dimmi.

« Ensuite, j’ai eu envie de découvrir Yorkville à pied. C’était ma première journée à titre de directeur du recrutement mondial en 2007, se rappelle-t-il. Je suis entré dans un magasin Harry Rosen et j’ai eu un coup de foudre. Comme je suis de nature fidèle, je fréquente cette boutique depuis ce jour, et je continue aussi d’aller chez Dimmi, parce que j’associe les deux endroits à mes toutes premières expériences ici. »

Ce n’est sans doute pas un hasard si Harry Rosen a attiré son attention. Uriji a toujours aimé la mode. Même à distance, il aime observer les gens et admirer ce qu’ils portent. Selon lui, le prix des vêtements importe peu. Tout est dans la façon de bien se présenter, dans l’élégance de l’apparence physique comme dans l’authenticité.

« J’aime beaucoup certaines marques au style décontracté et je les porte parce que je m’y sens bien, affirme-t-il. Je ne porte pas un vêtement dans lequel je ne me sens pas moi-même. »

Masai Ujiri se rappelle la première fois qu’il a vu des vêtements du designer canadien Patrick Assaraf. La marque Assaraf, un incontournable des griffes de luxe en Amérique du Nord, propose des vêtements contemporains haut de gamme tout en offrant confort et style décontracté. L’intégrité est inscrite au cœur de la marque, une valeur qu’Ujiri chérit et cherche à véhiculer.

Le directeur des Raptors a par la suite communiqué avec le designer pour discuter d’une possible collaboration. « J’aime ses vêtements. La coupe est belle. Ils sont faits pour les gens normaux, affirme Masai Uriji. Et l’homme est tellement sympathique. Nous avons organisé une rencontre dans sa salle d’exposition. »

Cette rencontre n’aurait pas pu tomber plus à point. À ce moment, Uriji est bouleversé en même temps que le monde entier par un événement choc: « La mort de George Floyd. Le mouvement Black Lives Matter. Je voulais en faire ressortir une image d’humanité, et rendre compte de qui nous sommes comme êtres humains. C’est ainsi que nous avons collaboré pour la première fois dans le cadre du projet That’s Humanity. Nous avions notre idée. »

La collaboration autour du projet That’s Humanity est rapidement devenue une collection exclusive de sept articles de style athléchic conçue par Ujiri et Assaraf, chaque article affichant le mot Humanity tel qu’écrit à la main par Ujiri lui-même. Ayant déjà collaboré lors d’un projet précédent avec Harry Rosen, la chaîne fut naturellement désignée comme point de vente. (La capsule sera disponible en décembre en quantités limitées). Ce partenariat vise à amasser des fonds pour des organismes de bienfaisance, à soutenir des designers noirs émergents et, ultimement, à rappeler au monde que ce qui nous unit a bien plus de poids que ce qui nous divise.

Ujiri parle publiquement de l’étendue des ravages engendrés par les deux pandémies que sont la COVID-19 et le racisme, et de la nécessité de trouver un remède pour chacune d’elles; mais c’est l’enjeu du racisme qui retient particulièrement son attention. Et pour cause.

À la suite d’un incident d’après-match avec un policier de la région de la baie de San Francisco, au lendemain de la victoire décisive de son équipe lors du sixième match de la finale de la NBA en 2019, Ujiri s’est retrouvé face aux conséquences qui découlent de ce sombre portrait de l’humanité. Les images montrent les agents qui bousculent le directeur des Raptors et qui le saisissent par le revers de son complet ZEGNA. Ujiri commémore l’incident en portant un autre Zegna pour notre séance photo.

Lorsque le dossier a finalement été fermé en février dernier, Ujiri a conclu que son « combat n’en était pas un de nature juridique » et que la démarche pour bâtir un monde plus équitable nécessitait une mobilisation de la part de tous au quotidien.

Quant à sa collaboration avec Assaraf et Harry Rosen, Ujiri admet que personne ne s’attend à ce qu’un chandail change le monde. Il croit cependant que si chacun d’entre nous s’engage à regarder l’autre en tant qu’être humain, et à vraiment voir l’humanité en chaque personne, ce serait déjà un bon début.

« D’abord, lisez le mot, puis entamez la discussion, suggère Ujiri. Ayez des conversations franches sur le sujet. Rappelez-vous que notre humanité est ce qui nous relie tous.

C’est un beau défi, non? Ce n’est pas tout d’afficher le mot Humanity, vous devez agir en conséquence. »

Avoir le cœur sur la main. Porter son humanité sur sa poitrine. Voilà donc l ’idée.

Dans le cadre du projet de la capsule That’s Humanity, un don sera fait à l’une des organisations caritatives choisies par Ujiri, Water First, qui aide à traiter les enjeux liés à l’eau potable dans différentes communautés autochtones au Canada. L’organisme offre de l’éducation, de la formation et du soutien collaboratif à l’échelle locale par l’entremise d’initiatives comme le programme de stages Water First, des études sur la qualité de l’eau, des projetsde remise en état ainsi que de l’aide aux écoles des communautés autochtones. Mais ce qui est peut-être le plus important pour M. Ujiri, qui croit fermement que les jeunes d’aujourd’hui sont les leaders de demain, c’est que Water First propose égalementun programme de stage unique qui aide les jeunes autochtones à devenir des opérateurs certifiés de stations de traitement des eaux en 15 mois seulement. (Pour en sa voir plus, visitez le site de l ’organisme à l’adresse waterfirst.ngo.)

La naissance d’un citoyen du monde

Personne ne s’étonne que Masai Ujiri soit si impliqué dans les œuvres de bienfaisance et si sensible au sort de ceux qui se trouvent en marge de la société. Ujiri a grandi dans l’esprit de devenir un citoyen du monde.

Il est né à Bournemouth, en Angleterre, dans une famille nigériane. La famille est retournée vivre au Nigéria lorsqu’il avait deux ans, et ses parents l’ont toujours encouragé à nourrir ses rêves de jouer au basketball, un parcours qui l’a mené à jouer aux États-Unis et en Europe, notamment grâce à des contrats au Royaume- Uni, en Belgique, en Finlande et au Danemark.

Son envie de parcourir le monde s’est poursuivie même après la fin de sa carrière de joueur, d’abord à titre de directeur d’équipe à Orlando et à Denver, puis au sein de l’équipe de Toronto.

Sans surprise, les voyages sont devenus une mode de vie pour Ujiri. La route n’a plus de secret pour lui, et il a développé au fil du temps des trucs pour se préparer efficacement tout en contentant sa passion pour la mode mentionnée plus haut.

« Je suis comme un découvreur, n’est-ce pas? Je voyage autour du monde depuis plus de 18 ans. Les routines, les articles à emporter, les endroits... tout cela est naturel pour moi, dit-il. Préparer ma valise est la chose la plus facile au monde. Il suffit de la sortir quelques jours avant le départ et de la remplir. C’est une routine toute simple.

La préparation est en fait une stratégie, surtout si je dois me déplacer à différents endroits. Il me faut des vêtements confortables et des morceaux adéquats pour les endroits où je vais. Ensuite, je fais ma valise de manière systématique. »

Toute cette expérience lui a appris quelques astuces : « Je privilégie toujours le bagage à main.

Je n’enregistre jamais ma valise pour être libre immédiatement de mes actions une fois à destination, que ce soit pour aller m’entraîner ou me rendre à un rendez-vous. Je suis toujours prêt. »

Donc, à ce stade, profite-t-il au maximum de sa vie de directeur émérite de la NBA, de mentor et de leader?

Pas vraiment.

« Je suis casanier, rigole-t-il. Je suis toujours à la maison avec mes enfants. Une soirée idéale se résume à m’allonger sur le divan avec les petits qui sautent partout autour dans toutes sortes de jeux. Je les observe du coin de l’œil; nous mangeons un délicieux repas. (Ma femme cuisine comme un chef.) De temps en temps, nous allons au restaurant. Toronto a une excellente table.

Mais si je devais compter, je dirais que six soirs sur sept, je reste à la maison et je joue avec mes enfants. »