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À la maison avec Pierre Maheo de l'Officine Générale

Nous nous sommes entretenus avec le fondateur et directeur artistique, Pierre Mahéo, chez lui dans le 6e arrondissement de Paris.

Par: Ben KrizDate: 2023-03-23

Diriger une marque de mode n'est jamais facile, mais Pierre Mahéo, fondateur et directeur artistique d'Officine Générale, nous fait croire le contraire lors d’une discussion depuis son appartement dans Saint-Germain-des-Prés à Paris. Depuis 2011, c’est dans cet appartement rempli d'œuvres d'art qu'il définit le style français subtil et qu'il s'est bâti une clientèle fidèle.


Le créateur décrit avec bonne humeur sa philosophie fondatrice comme « essayant simplement de faire le mieux possible ». Pour Mahéo, ça se traduit en collections accessibles faites de tissus de hautes qualités, depuis les meilleures usines européennes pratiquant équité avec ses employés et ses fournisseurs. Le résultat est un vêtement durable que ses clients peuvent porter pendant des années.


Mais revenons en arrière. La première inspiration de Mahéo vient de ses racines. Breton de naissance, c’est sur la côte ouest-française qu’il a grandi. Son père et son grand-père ont travaillé sur les côtes rocheuses comme ostréiculteurs. « Ils étaient modestement habillés, portaient des chinos, des chemises Oxford, des souliers de bateau Sebago et un veston bleu marine lors d’occasions importantes. Les chinos devenaient roses à cause du sel de mer et du soleil.


Du côté de sa mère, son grand-père était tailleur. « Je ne l'ai jamais vu sans cravate, sauf lorsqu'il jardinait le dimanche après-midi. Le reste du temps, même le dimanche matin, il allait prendre son café et acheter son journal en complet trois-pièces et cravate ». Pour Mahéo, Officine est un mélange intentionnel et harmonieux des deux mondes — là où le tailleur chic rencontre le vêtement de travail.


En plus d'être inspirée par sa famille, la vision de Mahéo a également été nourrie par la connaissance approfondie des tissus fins qu'il a acquise en travaillant pour un maître tailleur et, plus tard, pour plusieurs grandes marques françaises. C'est dans ces grandes maisons qu'il a vu des méthodes de production et de travail peu recommandables. C'est ce qui l'a incité à créer une marque qui n'utiliserait que les normes les plus strictes, même si ça se traduisait en moins de profits.


Nous avons la chance d'avoir quelques-unes des meilleures usines [du monde] », explique-t-il. « Il était donc clair dans mon esprit, lorsque j'ai créé la marque, que nous produirions tout en Europe en utilisant les meilleurs matériaux possibles ». Cela signifie de la laine Shetland écossaise, du coton-jersey portugais, de la laine mérinos italienne et des fermetures éclair fabriquées en Suisse, pour ne citer que quelques éléments importants.


Pour que sa marque reste honnête, Mahéo ne crée rien qu'il ne porterait pas lui-même — et lorsqu'il s'agit de qualité, il exige que chaque produit réponde à ses propres critères. « Je garde les mêmes pantalons saison après saison, j'ai des vestes qui ont sept, huit, neuf ans et je les porte encore — je pense que la plupart de mes clients veulent la même chose. Nous ne suivons pas les tendances ou la mode », affirme-t-il. « Et pourtant, l'évolution de chaque collection est quelque chose de très important. Je dis toujours que je dois réinventer un veston marine chaque saison.


Il y a beaucoup de travail en coulisses pour qu'un produit ait la même apparence, mais qu'il soit légèrement différent... un pantalon un peu plus ample, une épaule un peu plus basse, une chemise un peu plus volumineuse — il s'agit surtout de jouer sur la coupe ». Le résultat : une marque et des collections résolument nonchalantes, inspirées par d'élégantes légendes du cinéma français telles que Jean-Paul Belmondo, Alain Delon et Michel Piccoli. « Serge Gainsbourg avait cinq morceaux dans sa garde-robe : un veston rayé, un jean décoloré, une chemise western décolorée, un T-shirt blanc, une chemise militaire — c'est tout », explique Mahéo. « En fait, je collectionne beaucoup de vestes militaires vintage où l'on trouve toujours des détails fantastiques. Tout était si bien fait que c'est une source d'inspiration inépuisable ».


Aujourd'hui, alors qu'Officine Générale tourne à plein régime et se prépare à ouvrir des magasins en Californie, Mahéo est assis dans sa maison (qui a appartenu à l'écrivain italien Italo Calvino) avec sa femme Nina et ses deux enfants — il semble être un homme à l'aise. Pourtant, il est aussi ambitieux et concentré que lorsqu'il a commencé, s'inspirant de l'environnement qui l'entoure. « Je m'assois toujours dehors et j’observe les gens et la rue », explique-t-il. « Il y a toujours quelque chose à tirer de l'attitude des gens, de la façon dont ils portent leurs vêtements, de la manière dont les enfants mélangent les produits. Il y a toujours quelque chose d’intéressant ».


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